Louis Roussel en 1916

Louis Roussel en 1916

C'est donc le 25 juin 1895 à Lyon 2ème que naît notre grand-père Louis Victor , fils de Edouard Roussel et de Marie-Madeleine Saignier, reconnu en 1900 lors du mariage de ses parents. 

Il a 5 ans à la mort de son père et sera élevé par sa mère, Marie-Madeleine  femme travailleuse, indépendante qui doit assurer seule sa charge. Mais je suppose qu'il devait aussi passer du temps à Gevingey chez son grand-père Auguste Roussel ou à Saint-Savin chez la grand-mère maternelle Rose. 

Ce seront d'abord des années d'orphelinat, c'est l'école des Frères qui accueille le petit Louis car Madeleine veut le meilleur pour lui et il y recevra une bonne éducation. L'école des frères était-ce les Frères des Ecoles Chrétiennes, "les lasalliens" dont l'enseignement était voué aux plus défavorisés, "aux enfants des artisans et des pauvres", où les frères n'étaient pas prêtres mais des laïcs menant une vie quasi monacale, en soutane noire et rabat blanc. L'ordre sera par la suite supprimé avec les lois Jules Ferry. Cette éducation expliquerait en partie le caractère de ce grand-père, habitué à la frugalité et à une vie repliée. Il aimait chanter le Minuit Chrétien, raconte tatan Louise. En classe il travaillait bien et rafle les premières places, en témoignent les nombreux livres de prix conservés par sa fille. Cela fera de lui un homme cultivé, intelligent, à la belle écriture mais qui conservera son éducation catholique et fera baptiser ses enfants, un peu  pour faire comme tout le monde ...

Puis Madeleine retourne à Bourgoin et on retrouve les traces de Louis lorsqu'il a 19 ans. Il est alors manœuvre dans l'une des nombreuses usines de la ville.

En 1914 il est classé soutien indispensable de famille, ce qui ne l'empêche pas d'être incorporé dès le 14 décembre 1914 comme soldat de 2ème classe et d'être envoyé sur le front !!! Son registre militaire n°1051 le présente comme faisant 1,61 m, cheveux châtains,  yeux verts et ayant reçu une instruction de niveau 2.

C'est en défendant le Fort de Vaux devant l'importante offensive allemande qu'il sera évacué blessé le 14 avril 1916. Son coude gauche ne sera pas amputé mais une résection sera pratiquée entraînant "une impotence fonctionnelle" et une invalidité permanente. Dès 1917 il sera proposé pour la réforme n°1 avec gratification. Une pension de 1560 francs lui sera concédée avec jouissance au 20 février 1921.

Comme tous les mutilés de guerre, il sera ensuite incorporé comme fonctionnaire. A Frangy il y avait ainsi 3 mutilés de guerre faisant office de facteurs.

Plus tard on lui a proposé de "passer receveur" mais il n'a pas accepté. Pourquoi ? Voulait-il rester dans sa condition ouvrière ? ne s'en sentait-il pas capable ? ou simplement ne voulait-il pas prendre de responsabilités ?...

Une enfance difficile sans père mais chéri par sa mère, une bonne éducation ... qui était le petit Louis avant que la grande guerre ne le fracasse dans l'enfer de Verdun  parmi le bruit des obus et la boue des tranchées ?  Il est fort probable que l'enfer vécu à Vaux le hantera tout au long de sa vie... Je me souviens l'avoir entendu s'être autorisé à m'en parler, certainement sur mon insistance, une seule et unique fois... Et derrière les mots, surgissait toute l'horreur de cette guerre. 

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