Léocadie Roussel, fille de Calysse

Il ne fait pas chaud en ce mois de décembre, non seulement il a gelé mais un vent du nord balaie la campagne et l'eau tumultueuse de la Vallière amplifie la sensation de froid. Me voici à Montmorot dans le Jura, entre ville et campagne, à quelques encablures de Lons-le-Saunier. Je suis sur les traces de l'un de mes collatéral Désiré Calysse Roussel, l'un des neveu de Pierre Auguste mon AAGP. Il me plait bien ce neveu parce qu'il est original de par le prénom que lui a donné son père Claude et par le fait qu'il a mené sa vie comme il l'entendait, lui le fils aîné. 

En cette fin d'après-midi du 16 décembre  je me retrouve devant la Mairie je m'assieds sur les marches malgré le froid histoire de jeter quelques notes dans mon carnet pour restituer l'atmosphère que dégage ce village.  Aussitôt ma plume magique se met à danser la gigue, j'ai la tête qui tourne un peu  et hop me voici transportée 139 ans en arrière en ce mardi 16 décembre 1884. Il est 16h car  j'entends les cloches de l'église sonner et voilà que sortent de la mairie plusieurs messieurs.

Spontanément l'un d'eux se dirige vers moi et m'inspecte d'un air bizarre. Il est de la même taille que moi et ses yeux bleus me dévisagent de haut en bas. 

- Dites moi voir vous cherchez quelqu'un ? 

- Oui vous connaissez les Roussel de Montmorot ?  

- Désiré Calysse Roussel c'est moi et je vous présente mes amis Jean Claude Billon  forgeron et Charles Renaud imprimeur. Quant à lui là-bas c'est Félix Bury le maire car je viens de déclarer une naissance. 

- Celle de votre première fille Fernande Albertine Léocadie ? 

- Comment savez-vous ça ? dit-il en m'interrogeant de son regard franc  

- Ce serait trop long à vous expliquer dis-je. J'ai froid ici en plein vent. 

- Y a pas, on retourne à la maison, allez, venez, les femmes ont fait les gaudes.  

Mais un nouvel étourdissement m'enveloppe ... Peu à peu je reprends mes esprits. Je ne verrai pas la maison de Calysse, ni sa femme Léontine et encore moins la petite Léocadie. 

 

Léocadie est donc née un 16 décembre 1884 à Montmorot mais elle n'y restera pas. Tout comme son père elle aura la bougeotte. Le métier qu'a choisi Calysse plutôt que de travailler dans les salines, c'est fromager. D'abord apprenti, puis commis négociant à Montmorot, il sera marchand de fromage à Vercia et enfin fromager à Courbouzon. 

Léocadie grandit donc dans ces villages jurassiens autour de Lons. Elle aura un frère et une soeur, la fratrie restera très liée mais les deux soeurs rêvent d'ailleurs, de partir loin, pour la capitale. 

On retrouve Léocadie à Maisons-Alfort au 3 de la rue Louise Lesieur en région parisienne où elle épouse en février 1915 André Francisque Justin Bodin, employé aux Chemins de Fer. Leur union sera de courte durée puisque 4 mois après, le 3 mai elle décède à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Son mari André se remarie en 1921 avec la veuve de  Charles Clovis Roussel, son frère. 

Car Charles Clovis, menuisier, s'est marié en 1911 avec une fille de Montmorot Marie Olympe Ernestine Laragé mais la Grande Guerre ne l'épargnera pas puisqu'il décède en 1918 , tué par balle, au combat de Chaudun en Picardie loin des siens. Sa veuve Marie Olympe Ernestine se remarie en septembre 1921 à Lons-le-Saunier avec son beau-frère André Bodin , lui aussi devenu veuf. 

Quant à Marguerite Francine Olga née en 1891 à Courbouzon , elle se marie à 29 ans en région parisienne à Levallois-Perret  avec Jean Pierre Gilles Joigny et décède en 1990. 

Ainsi Léocadie n'aura guère eu le temps de profiter de la vie puisqu'elle quitte ce monde à 31 ans. Et aucun des enfants de Calysse ne laissera de postérité connue ...

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