La prise de Mascara 1836 - Gallica

La prise de Mascara 1836 - Gallica

Contrairement aux idées reçues, nos ancêtres voyageaient beaucoup pour toutes sortes de raisons, mariages, fêtes et foires, travail, pèlerinages, service militaire, guerres ... et aussi aventure. A pied, à cheval ou en voiture les transports n'étaient guère sûrs... Les frontières se traversaient allègrement et les flux migratoires étaient constants. C'est le thème de mon ChallengeAZ 2022.

Algérie. Au moins 2 de mes ancêtres, un du côté paternel et un du côté maternel ne sont pas revenus et sont morts là bas ...

Laurent Duplessis né en 1807 à Ruy dans l'Isère et Antoine Gallaby né en 1856 à Eloise, Haute-Savoie.

Tous deux ont 20 ans lorsqu' arrive le moment de la conscription militaire et l'un et l'autre n'auront guère le choix. A l'époque pour Laurent le service militaire est de 7 ans et pour Antoine de 5 ans. 

Il aura fallu un rien , un simple incident diplomatique pour mettre le feu aux poudres entre le dey d'Alger Hussein et la France. C'est "le coup d'éventail"  le dey qui frappe le consul de France "de son chasse-mouches" et c'est l'occasion rêvée qu'attendait Charles X pour redorer son blason, faire oublier les affaires intérieures et remplir les caisses de l'état. Le blocus maritime d'Alger par la marine royale peut commencer, il se poursuivra par une conquête longue et brutale suivie d'une colonisation de l'Algérie qui a laissé des traces pérennes entre nos deux pays.

 

Laurent Duplessis quitte Ruy pour Bourgoin après avoir traditionnellement fêté sa conscription avec les jeunes du village. La France prépare une expédition punitive en Algérie ... Nous sommes en 1830. Laurent doit embarquer à Toulon avec des milliers d'autres pour une traversée qui va durer plusieurs jours. 453 navires, 27 000 marins et 37 000 soldats. Il découvre la mer, le soleil et l'inconnu . Lors du temps long et agité de la traversée, il fait voguer ses pensées .... vers sa mère, son village, son père  qui lors des veillées après le ramassage des noix racontait le périple de son père à lui Denis Duplessis parti vivre dans ce froid pays qu'est la Pologne ... Lui, là où il va , il aura chaud au moins même s'il ne sait pas ce qui l'attend ... qu'importe il a soif de découvertes et d'horizons nouveaux ...

Mais la guerre c'est la guerre ! Alors on parle "d'expéditions" et elles sont nombreuses les attaques contre les villages kabyles. En 1839, Laurent Duplessis arbore l'uniforme de  chasseur et il a probablement rejoint le 3ème Régiment d'Infanterie Légère, 3ème bataillon, 4ème compagnie , il crapahute dans les montagnes de l'Ouarsenis, voit ses amis tomber et ses compagnons mourir dans les fièvres. Infections, fièvres, dysenteries, paludisme ils seront nombreux à subir ces tourments. Lui sera rapatrié sur Alger, transporté à l'hôpital militaire Mustapha qui n'est à l'époque qu'un ensemble de baraquements. Le 5 janvier 1843 il décède des suites d'une "entérocolite". Il a 35 ans, il ne reverra pas les collines verdoyantes de Ruy ni les ondes fraîches de la Bourbre. 

Pendant ce temps la guerre continue en mai 1843 c'est la fameuse prise de la smala de l'émir Abd-el-Kader. Le roi Louis Philippe étend et poursuit les combats dans une guerre difficile et coûteuse en hommes et en argent. 

 

Hôpital Mustapha Alger vers 1900

Hôpital Mustapha Alger vers 1900

Antoine Gallaby naît en 1856 et a 20 ans en 1876. Je sais si peu de choses sur lui ... il est de notoriété publique dans la famille que les Gallaby étaient de fortes têtes. A-t-il été envoyé en Algérie pour indiscipline ? En 1876 nous sommes sous la 3ème République qui consolide la colonisation et les campagnes de "pacification" ne sont pas dénuées d'insurrections.  

Antoine se retrouve sergent affecté à la 21ème section de commis et ouvriers militaires d'administration donc rattaché au 19ème corps d'armée basé à Constantine. Il s'occupe de l'intendance, les commis étant affectés aux tâches bureaucratiques et les ouvriers s'occupant de la logistique , subsistances, boulangerie, habillement, campement,  convois et parc de bétail. 

Toujours est-il que son décès qui reste mystérieux survient en septembre 1881 à l'âge de 25 ans . La transcription reçue à la mairie d'Eloise fait savoir qu'il est mort à  l'hôpital militaire de Constantine. Est-il lui aussi décédé de paludisme, de fièvres ou de typhus ? Reste que les pertes humaines furent considérables de part et d'autres lors de ces 32 années de conflit. 

La colonisation fut aussi l'occasion , puisque les mouvements de population sont au coeur de mon Challenge AZ, de favoriser une colonie de peuplement . Dès l'arrivée du corps expéditionnaire de Charles X on comptait déjà plus de 600 personnes se réclamant françaises. Ce chiffre va se multiplier et exploser au cours des années  suivantes. Chacun ayant ses propres raisons d'émigrer.  

 

 

 

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