Macédoine - Groupe de soldats français

Macédoine - Groupe de soldats français

Contrairement aux idées reçues, nos ancêtres voyageaient beaucoup pour toutes sortes de raisons, mariages, fêtes et foires, travail, pèlerinages, service militaire, guerres ... et aussi aventure. A pied, à cheval ou en voiture les transports n'étaient guère sûrs... Les frontières se traversaient allègrement et les flux migratoires étaient constants. C'est le thème de mon ChallengeAZ 2022.

Rien d'exotique dans ce voyage en Orient !

Les guerres ont toujours envoyé sur les routes des milliers d'hommes. La Grande Armée de Napoléon réunissait des régiments français mais aussi polonais, hollandais, italiens, espagnols, russes ... et les soldats plus ou moins expérimentés ont marché sans fin sur les routes d'Italie, d'Allemagne, d'Autriche, de Russie et même jusqu'en Egypte...

La guerre de 14-18 a catapulté des soldats sur tous les fronts ! Et elle en a fait venir du Maghreb, d'Afrique et d'Asie. De la chair à canon ni plus ni moins. 

Parmi la vingtaine de poilus que j'ai déjà pu répertorier dans mon arbre, de nombreux ont péri au cours d'atroces combats. Envoyés sur les fronts de l'est, de la Marne, de la Somme, beaucoup se sont retrouvés dans l'enfer de Verdun ... le Chemin-des-Dames, Notre-Dame-de-Lorette, le Fort-de-Vaux, le Bois Fumin ... où la mort bien souvent les attendait ... et ceux qui en ont réchappé sont partis pour les neiges de la Bataille des Alpes ou les épidémies ravageuses de l'Armée d'Orient ...

Deux de mes ancêtres ont été expédiés en Orient.

Le premier vous l'avez déjà rencontré sous la lettre D de Douanier.

Oui il s'agit de Louis Couturier Il a 20 ans en 1913 et il est incorporé en 1914 comme voiturier au 14ème Escadron du Train des équipages à Lyon. Cette compagnie composée d'hommes, de voitures, de chevaux et de mulets a un rôle de transport de munitions, de vivres, de troupes, un rôle de ravitaillement, elle comporte aussi des ambulances et des voitures boulangerie. En juin 1916 il est évacué du front par ambulance pour cause de maladie et se retrouve  dans le Haut-Rhin où il va rester 14 jours. A sa réintégration il va passer par de nombreux régiments dont la liste est trop longue à énumérer. 

Le 20 décembre 1916 il embarque pour l'Armée d'Orient où il restera près d'un an  jusqu'au 18 novembre 1917  affecté au 209ème Régiment d'Artillerie de Campagne. 

Ce 209ème R.A.C. est composé de 3 groupes mais je ne sais pas à quel groupe appartenait Louis. Le Groupe Leconte est sur l'arête montagneuse de la Boucle de la Cerna à la disposition d'une division russe. Les groupes Chollet et Crépet sont sur les lisières de Monastir. Louis se trouve donc en Macédoine, appuyé par les troupes serbes et engagé contre les allemands et les bulgares. L'été est relativement calme mais les renforts en chevaux manquent et toutes les batteries ne peuvent être attelées. "Pendant l'été 1917 le paludisme, fléau de la Macédoine, éprouve durement le 209ème R.A.C. malgré l'absorption quotidienne de quinine, les évacuations sont très nombreuses ... l'hiver 1917-1918 s'écoule sans incident notable, sur les mêmes positions." Qu'importe Louis est de retour en France... et sera de nouveau envoyé et ballotté dans divers régiments ...  il est admis à l'hôpital de Poitiers en octobre 1918 obtient une perm de 20 jours avant de réintégrer le 106ème Régiment d'Artillerie Lourde puis d'autres encore avant d'être démobilisé le 31 août 1919. 

 

Salonique - Débarquement des soldats français

Salonique - Débarquement des soldats français

Léon Vasetto est appelé à 20 ans en 1912 pour être  incorporé au 4ème Génie. Les soldats du Génie sont appelés les sapeurs. Léon est engagé comme sapeur mineur, sapeur conducteur en tout cas un travail technique très dur, pénible et dangereux puisqu'il s'agit de construire des tranchées, des ponts, des galeries, voire de déminer. En avril 1914 il est affecté à Epinal au tout nouveau 11ème Régiment qui vient d'être créé et il fait partie des 1247 sapeurs qui le composent. Son régiment participe aux combats de Notre-Dame-de-Lorette en 1915 et de Verdun en 1916. Cela fait déjà plus de 5 ans qu'il est dans cet enfer du Nord, il n'en peut plus. Pense-t-il à déserter comme son grand-père le fit autrefois ? En tout cas, comme chaque soldat il rêve d'autre chose que ce bourbier où la mort peut vous surprendre à tout moment.

Léon est une forte tête. Déjà à 19 ans son livret militaire faisait l'objet de 2 condamnations dont l'une pour coups et en mai 1917 il est condamné par le Conseil de Guerre à 5 ans de travaux publics pour outrage à un supérieur et voie de fait en dehors du service. 

Pour échapper à cette condamnation il se porte volontaire pour l'Armée d'Orient et la peine est rayée sur son livret militaire par le Général Commandant la 43ème division.

 Le 30 juillet 1917 on lui octroie 4 jours de permission avant le départ. Il doit regagner le dépôt du 2ème Génie à Montpellier et ce n'est que le 21 août 1917 qu'il embarque pour Salonique en Grèce où se tient une des bases de l'Armée Française d'Orient.

Où prend il le bateau ? à Marseille ? à Toulon ? il longe les côtes italiennes pour débarquer je ne sais où. Là, il reprend la route pour traverser l'Italie et rejoindre Tarente dans les Pouilles tout à fait au sud. Il embarque à Tarente le 5 septembre 1917 pour débarquer 2 ou 3 jours plus tard à Itea un petit port grec sur le Golfe de Corinthe. Nous sommes le 7 ou le 8 septembre, après les brumes et le fracas des tranchées dans l'est et le nord il découvre la chaleur et la luminosité de la Grèce. De là il doit encore vraisemblablement traverser le pays jusqu'en Macédoine pour atteindre Salonique.

Il rejoint le 8ème Régiment du Génie le 8 octobre 1917 et passe à la Cie Télégraphique des Armées d'Orient. Les télécommunications militaires jouent un rôle primordial. Pour les sapeurs il convient de poser puis de réparer des milliers de kilomètres de lignes et ce sur tous les fronts, malgré les combats. Leur action sera héroïque.

Lorsqu'il arrive la terrible bataille des Dardanelles contre les turcs a pris fin. La situation à Salonique sous les ordres du Général Sarrail est chaotique. Pendant ce temps les hommes se battent et les conditions de vie sont difficiles. L'eau est rare ou polluée. Il faut creuser des puits, aménager des points d'eau, concevoir des citernes pour approvisionner quelques 300.000 hommes. Et puis Salonique étant construite dans une région de marais, il faut compter avec les moustiques qui sont eux aussi des ennemis redoutables. La situation sanitaire se délabre dysenteries, scorbut, maladies vénériennes, malaria, paludisme. Toutes maladies confondues il y aura entre 1915 et 1918 près de 360.000 victimes.

Léon n'est pas épargné le 19 octobre 1918 il est admis à l'hôpital pour "grippe". C'est la grippe espagnole, cette épidémie qui a envahi le monde entier en 1918. Mais Léon est de bonne constitution. Il en sort le 9 décembre pour être évacué sur une base navale, il arrive en France à l'hôpital de Beaulieu-sur-Mer près de Nice le 14 décembre. A partir du 13 janvier 1919 il a enfin droit à une permission de 44 jours.

C'est la fin de la guerre. Léon sera donc resté un peu plus d'un an dans l'Armée d'Orient mais il lui faudra attendre le 24 juillet 1919 pour être démobilisé avec un Certificat de bonne conduite qui lui sera malgré tout accordé. Il peut enfin rentrer définitivement à Eloise pour retrouver les siens.

Léon épousera à Eloise Céleste Meffret en 1920. Parmi ses 7 enfants Roger Basile né en 1930 partira, lui, pour l'Indochine...

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