Jean Tissot et Louise Roussel - mars 1946

Jean Tissot et Louise Roussel - mars 1946

Ma tante paternelle Louise avait épousé au sortir de la guerre Jean Tissot dont je ne connais que quelques éléments de vie. Ouvrier il est victime d'un accident du travail, un talon cassé et il s'ensuivra une dépression , même si à l'époque on ne mettait guère de mots sur ce type de maladie. Il avait aussi vécu la dernière guerre comme prisonnier à Nuremberg . Il est décédé en 1982 à l'hôpital de Saint-Julien-en-Genevois.  Je n'ai gardé qu'une image floue de lui, celle d'un homme taciturne avec sa canne, bougonnant sans cesse, facilement irritable, et enfant, lorsque nous visitions nos cousins et cousines, sa présence m'effrayait quelque peu.

Il est temps de lui redonner vie et consistance parmi les miens.

Jean Elie Tissot est né à Desingy, commune de Haute-Savoie entre Seyssel et Frangy où ses ascendants avaient fait leur nid. 

Il est né un 11 novembre de l'année 1914, son père François Tissot est alors mobilisé et jamais il ne le connaîtra puisque ce dernier est "Mort pour la France" le jour de Noël, le 24 décembre 1914 là-bas, au loin, dans l'enfer de la Somme, tué à l'ennemi lors des combats de Lihons. 

Jean a déjà 2 soeurs Elise et Marcelle, et leur mère jeune veuve de 22 ans ne tardera pas à se remarier avec un veuf qui a lui aussi 6 enfants. Le couple de Marie Julie Laplace et Frédéric Pernoud aura à son tour 8 enfants. 

Autant dire que ce n'est pas la solitude qui entourera Jean dans les premières années de sa vie. Les enfants de Marie Julie sont déclarées en 1922 "Pupilles de la Nation" de quoi certainement améliorer un petit peu le quotidien. Alors que ses soeurs vont vite quitter le foyer pour se marier, Jean commence à travailler, puis c'est le service militaire et les bruits de bottes qui se rapprochent. Soldat de 2ème classe, il se retrouve prisonnier à Nuremberg avant d'être rapatrié en 1942 comme soutien de famille. 

La vie civile reprend son cours et il se retrouve employé comme ouvrier agricole à la ferme des Combes à Frangy.  C'est dans ce village qu'il fera la connaissance de ma tante Louise Roussel qui travaille alors à la boulangerie . Les deux jeunes gens se fréquentent et  commencent à échafauder des projets de vie commune. D'autant plus que Louise n'a qu'une idée en tête, quitter au plus vite le foyer familial. Mais pour se marier, il faut tant soi peu quelque argent alors les 2 jeunes gens travaillent d'arrache-pied et Jean se fait embaucher comme ouvrier au barrage de Génissiat tout proche. 

Le mariage a enfin lieu à Frangy le 2 mars 1946 et le couple part s'installer à Seyssel. 

Plus tard, après un passage à Eloise, Jean et Louise finiront par acquérir leur maison à Bonvy où leur petite famille pourra prospérer avec 3 filles et 3 garçons et bien sûr de nombreux petits enfants. 

 

La lignée des Tissot de Musièges à Desingy

Les Tissot de Musièges

Aussi loin que je puisse remonter les Tissot sont originaires de Musièges, ce village situé au pied du Mont qui lui donne son nom. L'église est dédié à Saint Hilaire et quoi de plus normal à ce que le premier Tissot que je rencontre soit prénommé Hylaire !

 

 

Ainsi Hylaire Tissot dit Cons naît à Musièges à la fin du 16ème siècle dans une fratrie de 7 garçons . Il épouse vers 1580 Claudine Mugnier qui décède en 1625. Ils auront ensemble au moins 3 enfants dont l'aîné reprend le prénom de son père, son père meurt en 1611. 

Notre second Hilaire Tissot dit Cons va prendre pour épouse en 1611 l'Honorable Claudine de Manessy dont le père est Seigneur des Combes, paroisse de Chilly. Ce titre va donc bénéficier aux descendants du couple et les onze enfants Tissot seront des Honorables ou des Demoiselles pouvant s'allier avec des familles terriennes nobles ou bourgeoises.  

L'aîné Claude François Tissot épouse en 1646 Jacqueline Costaz dont le père est notaire et bourgeois de Chaumont. Les Costa étant une famille de la noblesse de Savoie. Sept enfants qui feront eux aussi de "beaux" mariages. Claude François sera inhumé dans l'église de Musièges en 1679.

2ème enfant après Nicolarde mais aîné des garçons, Claude François Tissot fils, appelé communément François épouse 2 ans avant la mort de son père , Demoiselle Catherine Berger, fille de Françoise de Manessy. Sept enfants viennent sceller cette union.

4ème enfant après 3 filles, Henri Tissot l'aîné des garçons se marie avec la fille de l'Honorable Amblard Jacquet de Cruseilles en 1706 et sa femme Michelle lui donnera aussi sept enfants. Cinq d'entre-eux mourront avant l'âge de deux ans. Seuls Jean Baptiste et Antoine parviendront à l'âge adulte.

Avec son épouse Marie Bourcier de Clermont, Jean Baptiste Tissot dit Forgeron  et leurs neuf enfants sont les derniers de la branche à passer toute leur vie à Musièges.

La mappe sarde nous apprend que Jean Baptiste et son frère Antoine possédaient 32 parcelles à Musièges faites de champs, de prés, de vignes et de pâturages. Leur maison d'habitation était située au lieu-dit le Boulloz. 

Jean Baptiste et son épouse meurent la même année en 1776. 

 

 

Les Tissot de Desingy

 

1792 - Nous changeons d'époque, pour un temps la Savoie passe de la domination de Victor Amédée III roi de Sardaigne dans l'escarcelle des révolutionnaires, nous quittons l'Ancien Régime pour la République, nous laissons Musièges pour Desingy ...

 

 

Le dernier fils de Jean Baptiste, François Christin Tissot né en 1762 va s'installer dans le village de son épouse Françoise Gorjux à Desingy après leur mariage en 1791.

Parmi les huit enfants, l'aîné des garçons Louis Tissot né en 1811 prend comme épouse Françoise Laperrière dite Fanchette. La jeune fille vient de Challonges où le mariage est prononcé en mars 1840. Le couple de cultivateurs s'installe à Desingy au hameau de Charnod, au milieu des vignes. 

Désormais les alliances ne se font plus entre "honorables" ou bourgeois et les cinq enfants du couple s'installent tous à Desingy pour cultiver la terre . Laurent Tissot le benjamin naît en 1859 et ne connaîtra que la Savoie française. A 20 ans il effectue son service militaire au 30ème Régiment d'Infanterie de Ligne. A défaut de photo, on apprend qu'il est plutôt de petite taille 1m63, qu'il a des yeux roux et un menton pointu dans un visage ovale. 

En janvier 1884 Laurent Tissot se marie à Franclens avec Louise Phani Dupont qui sera souvent nommée Fany ou Stéphanie dans les différents actes. Quatre enfants naîtront de cette union et la famille réside dans la maison du hameau de Charnod à Desingy. Ils hébergent même un domestique de 15 ans François Lafontaine pour les aider au travail de la terre. Parmi leurs enfants Claude , le second, sera camionneur et partira pour Lyon. Laurent et Phani feront l'acquisition d'une maison dans l'Ain à Saint-Martin-de-Bavel où ils vivront en partie. C'est là que Phani s'éteindra en 1908 alors que Laurent retrouvera la terre de Desingy en 1911.

Leur fils aîné François Tissot né en 1885 installé au hameau de Charnod prend comme épouse Marie Julie Laplace en mai 1909 mais le temps est à la guerre et la mobilisation générale ne l'épargne pas. Il a le temps de voir ses deux filles Elise et Marcelle mais ne connaîtra jamais son fils Jean Elie né le 11 novembre 1914 car la guerre l'emporte , il est tué au combat de Lihons dans la Somme. "Mort pour la France" le 24 décembre 1914 ce qui fera de ses enfants des "Pupilles de la Nation".

Et la boucle est bouclée. Jean ne connaîtra pas son père, sa mère jeune veuve se remarie avec un veuf et ainsi va la vie...

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