Le mariage de Louisette et Jean en 1946

Le mariage de Louisette et Jean en 1946

L'enfance de Louisette c'est la campagne de Frangy. Mais la guerre arrive et bouleverse  les destins. Après l'école à 16 ans, il faut se débrouiller et Louisette trouve un emploi à la boulangerie. Le dimanche, jour de congé, elle se balade avec Jeannette, font des rencontres et parmi elles, Jean. 

Jean Tissot, son histoire est toute simple, il vient de Desingy en Haute-Savoie. La guerre, la mobilisation, en 1940 soldat de 2ème classe au 108ème RIA, puis il est fait prisonnier et envoyé dans un camp près de Nuremberg. Il parvient à être rapatrié en 1942 comme soutien de famille. Il cherche alors du travail et devient ouvrier agricole dans la ferme de Combes vers Frangy. 

Cette rencontre Louisette l'espérait, l'occasion de quitter le domicile familial qui lui pèse. Mais être ouvrier agricole ne nourrit guère son homme ou plutôt ne fait que ça et lorsqu'on a des projets, il faut de l'argent. Alors il embauche au barrage de Génissiat en pleine construction. Il faut absolument mettre de l'argent de côté. Jean et Louisette travaillent d'arrache-pied. Si tout va bien, dans un an ils pourront se marier. 

Le mariage a lieu à Frangy en mars 1946, Louisette est la première à quitter la maison. Le jeune couple s'installe à Seyssel pour 4 ans, le temps que le barrage soit mis en eau et les travaux de démolition terminés. Le premier enfant arrive un an jour pour jour après le mariage, c'est Lucienne. Lui succéderont deux autres filles Anne-Marie en décembre 1948 et Odile en janvier 1950. A Seyssel Louisette retrouve sa soeur Jeannette avec grand plaisir, son mari Robert est venu là pour chercher du travail au barrage et elles vont pouvoir pouponner de concert.

Entre temps André son frère lui aussi a convolé . Il s'est marié avec Georgette Gassilloud d'Eloise et il propose à sa soeur de venir sur Eloise pour tenir le café des Gassilloud. Un petit café de campagne et un logement. Jean retrouve vite du travail comme ouvrier à Bellegarde. Après la naissance des trois filles vient le tour des garçons François en janvier 1952, Claude en janvier 1955 et enfin Frédéric en 1965. Ils resteront six années à Eloise jusqu'en 1956.

Mais Louisette, femme avisée, veut le meilleur pour ses enfants. Dans les années d'après guerre c'est la grande période de reconstruction pour faire face aux destructions, à l'exode rural, au baby boom. Louisette peut bénéficier d'un prêt sans intérêt. Ce rêve d'une petite maison pour abriter les siens va devenir une obsession et il va se réaliser à Bonvy mais il lui coûtera cher. Combien d'heures de ménage chez les uns et les autres, combien de services à faire le samedi, le dimanche et en soirée pour les fêtes, les mariages. Louisette ne compte pas ses heures, ou plutôt si, elle se démène, elle enchaîne les petits boulots, quelques heures par ci, une après-midi par là... Encore plus lorsque Jean victime d'un accident de travail, verra sa vie basculer. Un talon de cassé et ce handicap va l'aigrir et le miner. S'ensuit une pénible maladie et il s'éteindra en 1982. Louisette sans relâche continue ses petits boulots. Les enfants devenus grands améliorent la maison de Bonvy, ce rêve devenu réalité. Au gré de la vie, les enfants vont, s'en vont, reviennent avec toujours un peu plus de petits enfants et puis il y a les disparitions tragiques Odile emportée à 49 ans en 1999 par une maladie fulgurante, Anne- Marie minée par le cancer en 2015 à 66 ans. Un chagrin et des blessures à jamais. Mais la vie continue. Et selon Louise "il faut faire bonne figure". 

Puis vient l'âge de la retraite bien méritée. C'est une nouvelle vie qui s'annonce, plus de temps pour les petits enfants ... qui viennent moins souvent. Louisette doit enfin penser à elle, elle qui n'a pensé qu'aux autres. Elle participe activement au Club de l' Amitié d'Eloise, rédige des articles pour le Bulletin, participe aux voyages, aux randonnées et diverses autres activités.  Elle s'adonne à la lecture, son passe temps préféré, elle fréquente la bibliothèque, joue aux cartes, n'oublie pas le marché du jeudi et adore recevoir chez elle dans sa maison de Bonvy ses enfants, ses petits enfants et ses nombreux arrières petits enfants. 

C'est à l'âge de 95 ans que Louise s'éteindra après avoir passé quelques années dans la Maison de Retraite Les Carlines à Champfromier dans l'Ain.

 

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