Robert Gassilloud lors d'une permission

Robert Gassilloud lors d'une permission

Cette incursion dans la vie militaire m'a fait comprendre que tous les soldats n'étaient pas logés à la même enseigne. Si la plupart de mes ancêtres étaient recrutés dans l'Infanterie, d'autres étaient dans l'Artillerie. C'est le cas de Robert et de Louis. L'artillerie doit appuyer les assauts de l'infanterie. Les artilleurs ne connaissent pas les tranchées, ils sont loin de leurs cibles et ne voient pas l'ennemi face à face. Mais le canon brûle les mains, défonce les oreilles, il lui arrive même d'exploser. Et les artilleurs n'échappent pas aux pilonnages de l'artillerie ennemie. 

 

Robert Gassilloud est né en 1897 à Eloise.

C'est à 18 ans en 1915 qu'il est appelé et incorporé au 1er Régiment d'Artillerie de Montagne R.A.M. en janvier 1916. Matricule 780.

Canonnier de 2ème classe il part aux armées en juillet 1917 sans doute après avoir suivi une rapide formation. Il fait partie de la 7ème batterie du Capitaine Cottave. Sa batterie participe aux combats des Vosges et à la bataille de Verdun. En novembre 1917 le groupe Cottave quitte l'Alsace et rejoint par voie ferrée Briançon.

Direction le front italien par le Montgenèvre où les soldats franchissent la frontière pour soutenir les italiens et éviter la débâcle face aux armées austro-hongroises. Ils continuent leur marche pendant 4 jours avec leur barda et leurs canons dans un froid rigoureux. Ils arrivent dans la plaine et cantonnent quelques jours à Brescia. Ils rejoignent des formations d'infanterie et marchent 9 jours à travers la Lombardie pour atteindre le Piave où vont se dérouler de lourds combats de part et d'autre du fleuve. Puis ils sont envoyés en repos près de Vicence jusqu'au 10 février avant de repartir au combat au Mont Tomba. Ensuite ce sont les combats sur le plateau d'Asiago où les autrichiens sont repoussés. Le 15 juin, ils subissent un bombardement intense aux gaz asphyxiants. Le régiment se replie au Mont Mosca. Le front se stabilise, les batailles le long du Piave continuent jusqu'à la défaite autrichienne. Le régiment retourne en France entre le 30 décembre 1918 et le 10 janvier 1919 et ils cantonnent à Grenoble jusqu'au 17 février.

 

Robert sera démobilisé le 28 août 1919 avec un Certificat de bonne conduite. Il rentre chez lui à 23 ans. 5 années de sa jeunesse happées par la guerre. Il ne retrouvera ni Frédéric ni John ses frères. Trois mois après son retour, le 8 novembre, il se marie avec Gabrielle. Et c'est une autre vie qui commence.

 

Louis, Pierre Couturier est né en 1893 à Frangy.

Appelé en 1913 à 20 ans, il est incorporé en 1914 comme voiturier au 14ème Escadron du Train des équipages à Lyon. Matricule 1272. Cette compagnie composée d'hommes, de voitures, de chevaux et de mulets a un rôle de transport de munitions, de vivres, de troupes, un rôle de ravitaillement, elle comporte aussi des ambulances et des voitures boulangerie.

En juin 1916 il est évacué du front pour cause de maladie par ambulance à Urbès dans le Haut-Rhin où il va rester 14 jours. A sa réintégration il va passer par de nombreux régiments : le Régiment d'Artillerie de Campagne, le 6ème, le 42ème, le 209ème, le 2ème. Il embarque aussi pour l'Armée d'Orient en décembre 1916. Puis revient au Régiment d'Artillerie lourde, le 108ème, le 407ème. En juin 1918 il sera hospitalisé à Poitiers pendant 20 jours avant de rejoindre le 106ème d'Artillerie lourde. Il est envoyé au 55ème Régiment d'Artillerie de Campagne en 1919.

Alors pourquoi était-il si souvent trimballé de régiment en régiment ? D'après ce que j'ai lu , il y a plusieurs explications possibles, soit c'est un "mauvais sujet" ce qui me semble exclu le concernant, soit du fait de sa fonction de voiturier il est appelé là où on a besoin de lui, soit enfin au vu des innombrables pertes humaines il est envoyé pour renflouer les régiments.

Il sera démobilisé le 31 août 1919. Classé dans l'Affectation Spéciale comme préposé de l'Administration des Douanes le 10 juin 1920.

 

3 - Figures de poilus : les artilleurs Robert Gassilloud et la Bataille d'Italie, Louis Couturier
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