Gevingey

Gevingey

Lavoirs et fontaines ...

Entre Bresse et Jura c'est lors de mes escapades dans les villages de cette partie de la Franche-Comté de mes ancêtres qu'est née l'idée d'un post sur les lavoirs ... car ici l'eau coule en abondance ... et quel village n'a pas sa Rue des Fontaines ?

Frébuans où les fontaines font vraiment partie du patrimoine et où le réseau d'alimentation a été inventé par un enfant du pays Prosper Sordet , c'est aussi le lieu de vie de Claude Marie Roussel, le frère d'Auguste que nous avons croisé à la lettre A et l'oncle de Calysse, le fromager.

 

Lavoir de Beaufort

Lavoir de Beaufort

Construits à partir de 1830, c'est par une loi du 3 février 1851 que l'Etat décide de prendre à sa charge jusqu'à 30% des frais de constructions des lavoirs communaux. En effet les ravageuses épidémies de choléra, de variole ou de typhoïde faisaient de très nombreuses victimes et il y eut une prise de conscience hygiéniste très forte devant ces fléaux. En dehors des impératifs d'hygiène et de propreté, le lavoir répondait aussi à un impératif social, car la lessive était un moment important de la vie des femmes leur permettant de se retrouver entre elles, loin de la présence des hommes. 

Ainsi de simples plans d'eau ou de bassins creusés dans le sol, les lavoirs se sont adaptés. Qu'ils soient au fil de l'eau, comme les bateaux-lavoirs, ou à impluvium avec une toiture permettant de collecter et de stocker l'eau de pluie, ils se sont peu à peu modifiés pour apporter un peu plus de confort aux lavandières 

 

Reithouse

Reithouse

La grande Lessive

Car la lessive c'est toute une histoire ! si les petites lessives avaient lieu une fois par semaine pour laver le petit linge, "la grande buée" avait lieu 2 fois l'an en automne et au printemps, notamment pour laver le linge de travail et les draps. 

Alors partons sur les pas d'Adèle Petit, la femme de Claude Marie Roussel. Nous sommes à Frébuans en 1866 et on attend avec impatience les beaux jours  pour préparer la grande buée. Les beaux jours de printemps quand le soleil commence à piquer... Adèle s'est donnée le mot avec sa voisine la Claudinette Paillard, elles partiront ensemble au lavoir avec leurs deux fillettes Anaïs et Valentine . 

Cela fait deux jours qu'elles s'activent ... Dans la cour de la ferme, Adèle a sorti les lourdes bassines de bois, elle a d'abord trempé longuement le linge dans une première eau claire, puis elle a de nouveau rempli les bassines en ajoutant de la cendre, précieusement conservée, riche en carbonate de potassium et au fort pouvoir nettoyant.  Enfin on ajoute de l'eau chaude et on relaisse tremper. Que de va-et-vient entre la cour, la fontaine, le feu ... Ce n'est qu'ensuite, qu'elles prennent le chemin du lavoir chargeant le linge dans les brouettes. De loin, elles entendent le joyeux charivari des papotages ... Elles prennent leur place et commencent le travail. Il faut battre le linge avec énergie à l'aide d'un battoir, les filles ensuite s'amusent à le rincer mais pour l'essorer la force est nécessaire car il faut bien le tordre.  Et la fatigue s'accumule ... Après c'est un jeu d'enfant de le rapporter à la ferme car on sait que l'on a fait du bon travail. Reste à le faire sécher mais ça c'était au soleil de faire son travail... 

Bien sûr cette activité se faisait en groupe, et bien que fatigante, elle était la bienvenue ... elle rompait le quotidien, on était bien, entre femmes et filles, chacune avait sa place, on papotait, on riait, on plaisantait, on chantait et les commérages allaient bon train. C'était finalement un lieu animé et bruyant, presque festif. 

Aujourd'hui , dans plusieurs localités du Jura ou de Bresse, de nombreux circuits pédestres ont été organisés autour des lavoirs, ce patrimoine redécouvert ... 

Lavoir de Frébuans

Lavoir de Frébuans

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