Marie Thérèse Bernard , une fille de décembre

Jules Emile Zingg 1882-1942 peintre franc-comtois

21 décembre 1726 c'est la nuit la plus courte de l'année à Sarrogna et Dieu sait que les nuits sont noires et longues dans ce village jurassien qui se cache dans son val ceinturé par les montagnes. 

21 décembre 1726 Anne Marie Moyne qui s'est mariée tardivement à 35 ans avec Alexandre Bernard 39 ans donne naissance dans sa maison de Nermier à son 2ème enfant, une fille Marie Thérèse.

Mais la neige qui tombe à gros flocons, attisée par une bise glaciale a fait renoncer au déplacement jusqu'à l'église Saint-Pancrace de Sarrogna ... Sûr que le curé Jean François Marion  comprendra d'autant plus que la petite se porte bien et n'est pas à l'article de la mort, prête à errer sans fin dans les limbes ...  A Nermier les ruisseaux ont gelé bien évidemment et les fontaines ont été recouvertes d'écorces pour ralentir la prise du gel. Mais c'est un hiver normal, ici dans le canton d'Orgelet. 

Le baptême de Marie Thérèse a lieu le lendemain à l'église. Dûment emmaillotée pour ne pas prendre froid, c'est sa marraine Marie Bernard qui la presse sur son coeur. Mais à l'église il convient d'attendre que soit arrivé le parrain Joseph Vincent qui vient de la Villette, un hameau de l'autre côté de Sarrogna. Et puis, de plus Augustin Clerc a fait l'honneur de sa présence et a ratifié l'acte de baptême d'une belle écriture. 

Dans la famille Clerc de Sarrogna, il est à noter que le petit hameau de Villeneuve a donné  un professeur,  mathématicien et astronome François Clerc 1769-1847 ainsi qu'un capitaine d'infanterie François Daniel Clerc 1722-1854 tous deux chevaliers de la Légion d'Honneur. 

Ainsi est née Marie Thérèse , sous de bons auspices. Le mois de décembre lui étant favorable c'est le 17 décembre 1751 à 27 ans qu'elle unit son destin à celui de Jean Catherin Charnier, lui aussi laboureur à Nermier.

Sur les registres, la transcription du mariage n'est pas rédigée à la va vite  comme beaucoup d'autres, on sent que l'on a apporté un soin particulier à tout ce qui est noté. Visiblement, ces familles de laboureurs sont des paysans qui comptent dans la vie du village et qui doivent posséder quelques biens .

De l'union de Jean et de Marie Thérèse naîtront trois enfants connus dont je dois maintenant envisager les destinées. Marie Thérèse s'éteint en août 1801 à 75 ans, 14 ans après son mari. Il est probable que l'un de ses fils François Charnier 1763-1835 ait été maire de Nermier comme semblent le révéler les signatures relevées dans les registres de l'état-civil. 

Cette ancêtre dont je ne savais quasi rien m'a emmenée avec plaisir dans ce petit village de Sarrogna dont je découvre peu à peu les richesses.

J'ai maintenant hâte de mettre une fin -provisoire- à cet article pour le publier à temps et m'adonner au peaufinage de cette branche, bien contente d'avoir mis en lumière cette fille du 21 décembre, jour du solstice d'hiver.

Marie Thérèse Bernard me permet ainsi d'ajouter quelques branches à mon sapin jurassien. Un épicéa bien sûr !