Les Berrier de Montagnieu à Bourgoin

Ma grand-mère paternelle Marthe , délaissée par son père, aimait beaucoup lorsqu'elle était enfant, aller vivre chez sa tante mariée à un François Berrier de Bourgoin.

Alors me voici partie sur les traces des Berrier. 

De Bérié en Bérier, de Bérier en Berrier, de Jean à Joseph, de Joseph à François, de François à Pierre, de Pierre à Jean, de Jean à Jean Claude né en 1842 nous parvenons à notre François Berrier. 

Une lignée de paysans bien sûr, cultivateurs, dont le premier connu Jean né vers 1662 à Beauvoir-de-Marc épouse en 1681 une fille de Montagnieu Françoise Annequin et y fera souche. En 1836 l'un de ses descendants Jean épouse une veuve Thérèse Perrin qui est propriétaire ... peut être l'amorce d'une aisance pour les Berrier. 

Montagnieu est un village agricole vallonné des "Terres froides" dans le nord Dauphiné à quelques encablures de la Tour-du-Pin. A l'aube de la Révolution, en 1793 on compte 694 habitants, les Montagnards.

Sur un éperon rocheux se dresse le Chatelard, le "château", la maison forte du village. Et pour y accéder par les bois alentours entre étangs et rivières  un petit pont de pierre. Le Pont Sainte Marguerite construit en 1834 par Joseph Mion en hommage à sa bien aimée. Il est fort plausible qu'au fil des années les Bérier ont dû déposer dans la grange du château les redevances en nature dues au seigneur des lieux.

 

Le pont Sainte-Marguerite

Le pont Sainte-Marguerite

Le fils de Jean Bérier , Jean Claude ajoute un R à son nom et prend comme épouse Marie Apollonie Gros, dont le père est semble-t-il aisé menuisier, aubergiste propriétaire ...

Jean Claude né en 1842 est cultivateur et propriétaire et en épousant Marie Apollonie en octobre 1872, ils vont avoir 8 enfants dont seuls 5 survivront et tous recevront une bonne instruction.

2 garçons Marc Jean Claude et Clément Philippe mourront jeunes, 1 an pour l'un, 1 mois pour l'autre. Quant à Eugénie Jeanne elle mourra à 21 ans. 

Marie Thérèse, l'aînée, née en 1873 restera à Montagnieu bien que son époux Joseph Ferrand soit né au Puy. Ils s'installeront comme cultivateurs propriétaires.

Marie Elise née en 1883 épousera Jean Joanny Durand-Bailloud en 1906 et s'éteindra en 1963 à l'âge de 80 ans. Quant à Anne Clémentine née en 1886 elle se marie en 1919 avec Joseph Pierre Billard et décède en 1957. Il est fort probable que ces jeunes filles aient eu un métier après avoir fréquenté l'école. 

Parmi les garçons le plus jeune né en 1889 Jean Louis épousera Rose Henriette Guttin à la fin de la 1ère guerre, bien qu'il ait été sursitaire à cause "d'une époxypora de l'oeil droit". Cultivateur et plus précisément engreneur à la Maison Page de Montagnieu, il finira sa vie à Lyon en 1947. 

Enfin François Régis Berrier né en mai 1876 , 2ème enfant mais premier fils.

 

François Berrier, Antonine Henry et leurs 3 enfants

François Berrier, Antonine Henry et leurs 3 enfants

François va choisir ce qui était appelé à l'époque "la voie royale"  devenir instituteur laïque, un hussard noir de la République. Peut être à l'instar de son oncle Michel Gros, le frère de sa mère déjà instituteur. Et lorsqu'il part faire ses classes en 1896 -son matricule militaire est le 1234- il devient vite caporal puis sergent fourrier. 

Au retour le voilà enseignant, instituteur public à La Bâtie-Montgascon près de La-Tour -du-Pin et c'est peut être à Bourgoin qu'il rencontre celle qui allait devenir sa femme.  

A cette époque les enseignants mènent une vie austère, les salaires sont maigres et les débuts de carrière difficiles ... et souvent un complément de travail est nécessaire ... peut être François est-il devenu secrétaire de mairie ?

A 28 ans, le voilà installé, instituteur à l'école primaire de garçons de Bourgoin, prêt à épouser Antonine Marie Henry, cette institutrice de 22 ans, fille d'un coiffeur de Bourgoin.

Leur mariage a lieu en cette fin décembre de l'année 1904. Et leurs témoins sont pour François son oncle maternel instituteur retraité Michel Gros et son beau-frère Joseph Ferrand propriétaire à Montagnieu. Pour Antonine sont présents son cousin Laurent Henry guimpier à Lyon et sa directrice d'école à Bourgoin Marie Durand. 

3 enfants nés avant la Grande Guerre vont venir constituer la famille :  2 filles Henriette née en 1906, Elise née en 1908 et un garçon Marcel né en 1910. 

François lui non seulement n'échappe pas à la guerre, mais il s'y engage pleinement. Rappelé en 1914 au 99ème R.I. de VIenne, son régiment est envoyé sur le front, dans les Vosges, en Champagne, à Verdun et en Belgique... Promu lieutenant, qualifié d'excellent officier mitrailleur, il sera décoré de la Croix de Guerre.

Démobilisé en janvier 1919, il reprend ses activités d'enseignant et s'engage activement pour sa ville puisqu'on le retrouve adjoint au Maire lorsqu'en 1923 il unit les destinées de mes grands-parents.

En 1936 il est co-organisateur avec Messieurs Joly et Berthier du Concours horticole et floral de Bourgoin, qui comporte aussi une exposition de vins locaux sous les Halles. Enfin il deviendra Conseiller d'arrondissement de Bourgoin et une rue porte son nom.  

Les Berrier de Montagnieu à Bourgoin

Ses filles ont dû faire de brillantes études (Elise est Docteur en Médecine) et se sont mariées à Bourgoin mais je n'ai hélas que peu d'informations sur cette période relativement récente. 

Son fils Marcel né en 1910 s'illustrera lui pendant la Seconde Guerre Mondiale. N'ayant pas accès à son registre militaire, les informations que je possède sont lacunaires. 

En 1943 les allemands sont à Bourgoin. La résistance se renforce et s'unifie début 1944 avec les maquisards FTP - AS. Marcel Berrier alias BERNARD est capitaine d'aviation, il devient le chef du secteur de Bourgoin et sa région (secteur VII) et comme le signale le site "Mémoire des Hommes" il appartient aux FFI

Marcel Berrier est alors désigné dès le mois d'avril comme responsable du comité de libération à la suite de Georges Ivanoff alias Raoul appelé à Grenoble... 

C'est le 23 août 1944 que les forces de la résistance se concentrent sur Bourgoin et commencent à déloger la garnison allemande forte de 400 hommes. Les premiers combats ont lieu à 10h à la hauteur de l'église de Jallieu. Alors que certains groupes bloquent les routes et les accès de la ville, le gros des troupes va ainsi libérer les rues une par une. Toute la journée on entendra des tirs et les combats seront durs et meurtriers jusqu'à la reddition des allemands tard dans la soirée. Cette journée permettra aussi de récupérer un important stock de denrées consommables qui seront redistribuées.

François Berrier aura sans doute eu la satisfaction de voir son fils se comporter en héros. Il s'éteindra à Bourgoin en 1951, 3 ans après le décès de son épouse Antonine. Quant à Marcel dont j'ignore tout de la vie, il décédera à Valenciennes dans le Nord en 1995. 

 

Le Capitaine d'aviation Marcel Berrier

Le Capitaine d'aviation Marcel Berrier

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