Francisque et Alexis Brun-Buisson

Francisque et Alexis Brun-Buisson

Les frères Brun-Buisson ont été très liés, nés à un an d'intervalle ils étaient probablement très complices.

L'aîné est Alexis né en 1867 en Saône et Loire juste une semaine après le mariage de ses parents Hippolyte Brun-Buisson et Jeanne Guignard puis vient Francisque né en 1868 à Saint-Jean de Bournay. Tous deux assisteront en 1872 à la naissance de leur frère Louis qui mourra 3 ans plus tard. Un événement qui renforcera leurs liens. La vie s'écoule d'abord à Saint-Jean de Bournay puis les parents s'installent à Bourgoin où Hippolyte achète en 1877 une librairie-reliure.  Entre la Villa des Tilleuls à Maubec et l'apprentissage du métier de relieur à Bourgoin les deux fils ont certainement eu droit à une belle enfance.  

Arrive le temps du service militaire. Alexis -matricule 1418- incorporé en 1889 aura droit à un Certificat de bonne conduite alors que Francisque - matricule 1407- incorporé en 1891 pour 4 mois sera réformé. Selon Papou ce serait à cause de sa surdité et sur le livret militaire il est noté "réformé n° 2 pour infirmités contractées en dehors du service (tuberculose pulmonaire)". Toujours est il que Francisque, antimilitariste convaincu, ne fera pas son service militaire et sera exempté en 1914. Alexis, lui ne sera pas rappelé lors de la mobilisation générale. Le registre militaire nous délivre quelques informations sur leur physique. Le même visage ovale et un bon degré d'instruction , Alexis mesure 1,69m à peine plus grand que Francisque 1,64m et il a les yeux gris, ceux de Francisque sont châtains. Alexis a des marques particulières il porte des traces de brûlure sur le front et a des tâches brunes dans le dos. Quant à Francisque on sait qu'il avait des problèmes d'audition.

Leur mère meurt en 1892. Ce sont de jeunes hommes, c'est vraisemblablement à cette période qu'ils se marient et en profitent pour quitter le foyer laissant leur père qui n'attendra pas pour se remarier et avec lequel je pense ils devaient avoir des relations difficiles. 

Relations difficiles aussi du fait du climat de l'époque, 1831 révolte des Canuts, 1864 la Première Internationale, 1871 la Commune de Paris et sa terrible répression, Louise Michel, les deux frères sont humanistes et  révolutionnaires dans l'âme. Francisque adhère à une Société de Libre-Pensée qui se définit comme "démocratique, laïque et sociale" rejetant les privilèges politiques, les profits économiques et animée par un profond anticléricalisme. Ne disait il pas à son petit fils "on ne se découvre jamais devant un enterrement et les curés, juste devant le mort".

Alexis épouse Louise à Domarin en janvier 1893 en l'absence de son père et en novembre naît leur unique fille Lucienne Noémie dite Noémie. Malade, elle décédera à Vienne à l'âge de 15 ans non sans avoir obtenu le Certificat d'Etudes Primaire en 1906. A cette période le couple réside à Vienne rue Rochebrun. 

Pendant ce temps là Francisque se marie sensiblement à la même époque avec Julie. Marthe, leur fille, notre grand-mère naît en 1895. Ils habitent à Bourgoin. Quant au père Hippolyte, il aura 2 filles avec sa nouvelle épouse l'une Marcelle née en 1894 et Gabrielle en 1896.

Il semble que le décès de Julie en 1906 désorganise complètement la petite famille et va jeter Francisque dans une vie agitée, républicain, rationaliste et anticlérical il est de nombreux combats. Il habite alors rue de la Glacière, son frère lui envoie de nombreuses cartes de Vienne pour savoir comment il va mais Francisque ne donne guère de nouvelles. Souvent piquantes, ironiques, toujours détaché, Alexis avec humour annonce un accident survenu à sa belle mère " Zette a péri victime de l'automobilisme, elle ne fera plus de sport. C'est grave, conviens en mais ne va pas te mettre en deuil". Pendant ce temps Francisque a mille et une activités, relieur, bien sûr mais anarchiste surtout ce qui lui vaudra souvent d'être recherché par la police pour ses activités dites subversives. Il délaisse sa fille Marthe pour s'occuper du sort des autres. En 1907 il part dans le Gard soutenir la grève des viticulteurs et Alexis écrit à sa nièce Marthe qui est chez ses grands parents Henry "dis à ton papa qu'il est d'une négligence que rien n'excuse".    

Les deux frères ont toujours été très proches et s'écrivent régulièrement pour se donner des nouvelles. En octobre 1911 Alexis et Louise s'installent à Bellegarde où Alexis trouve une place de contremaître chez Bouché-Valloton. Il écrit alors à Francisque pour lui donner son adresse 29 rue Lafayette. Mais Francisque ne la recevra pas, l'adresse qu'il avait donné à la Guillotière il n'y habite déjà plus !  Dans ses écrits, Alexis prend un malin plaisir à se moquer de son père, qu'il nomme Hippocrite, et il raille son embourgeoisement. En 1912 ce dernier vient d'être nommé officier d'académie et son fils précise "il est vrai qu'il a dû pour réussir s'accrocher aux pans de la jaquette du sénateur dont son gendre est un petit neveu... ce qu'on doit rigoler à Bourgoin..."

Alexis et Louise finiront leur vie comme retraités à Villeurbanne après 1938. Quant à Francisque c'est à l'hôpital de Bourgoin qu'il mourra, seul, en 1941.

 

Alexis, Louise et Noémie

Alexis, Louise et Noémie

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