13 - Figures de poilus : Achille Berlet , Verdun, encore Verdun

Au hasard de mes découvertes généalogiques, une autre figure de poilu se dessine et se rajoute à ma liste. Il s'agit d'Achille Berlet.

Ce jeune homme naît en 1887 et à Bourgoin il fréquente probablement  la famille Brun-Buisson. Il a 18 ans, il n'a pas de travail et s'engage comme volontaire pour 3 ans. Soldat, caporal, sergent fourrier il est démobilisé en 1907. Lorsqu'arrive la mobilisation générale il est en Savoie. Il rejoint Chambéry le 14 août 1914 et est affecté au 222ème R.I. Matricule 1785. Il est vite promu Lieutenant. Son régiment se constitue à Bourgoin sous le commandement du lieutenant colonel Giralt. Il sera rattaché à la 2ème Armée du Général Nivelle, groupement Mangin.

C'est d'abord les Alpes puis bien vite le front de l'est Lunéville, le Signal de Xon, les tranchées de Lorraine, celles de Nancy et puis il se retrouve à Verdun.

Ici, à ce moment précis à Verdun durant cet automne inhospitalier, pluvieux et froid, dans les bois de Fumin ou du Chenois se trouvent peut être côte à côte deux de mes ancêtres, des grands oncles, Frédéric Gassilloud du côté maternel et Achille Berlet du côté paternel. Avec eux sur le sombre théâtre des batailles sans fin un poilu qui deviendra célèbre le peintre Fernand Léger, brancardier,  qui raconte :

"Je suis monté sur la crête du ravin où je suis. J'avais derrière moi Fleury devant Vaux et Douaumont. J'embrassais une dizaine de kilomètres carrés transformés en désert de terre brune uniforme. Les hommes sont tout petits perdus là-dedans. On les distingue à peine. Un obus tombe dans ces petites choses. Ca remue un moment. On emporte les blessés, on laisse les morts. Ca n'a pas plus d'importance que des fourmis. On n'est pas plus gros que des fourmis là-dedans. C'est l'artillerie qui domine tout. Formidable, intelligente, frappant partout où il faut, désespérante par sa régularité".

Le 9 septembre 1916 le 222ème R.I. occupe les avants postes du Bois de Chenois. C'est là qu'Achille sera tué. Tué à l'ennemi au Bois de Chenois La Laufée (nord est de Verdun). Mort pour la France. Croix de Guerre. Etoile d'Argent. "Officier courageux pour avoir donné de nombreuses preuves de bravoure depuis le début de la campagne. Frappé mortellement le 16 septembre au moment où il observait les mouvements de l'ennemi dans les lignes."

Et alors ? Le point final d'une vie. Il avait dû se marier avec Marcelle Brun-Buisson au cours d'une permission. La toute jeune fille qui l'avait vu souvent chez ses parents était peut être sa marraine de guerre le réconfortant par ses cartes et ses lettres ? Une histoire d'amour avortée peut être ?

Aujourd'hui les restes d'Achille sont mentionnés  dans l'ossuaire perpétuel du cimetière Beauregard à Bourgoin-Jallieu.

 

Ces chroniques sur la Guerre de 14-18 m'ont profondément affectées parce qu'elles évoquent des figures toutes proches aussi je voudrais terminer par les paroles d'une chanson souvent entonnée dans la famille lors des grands repas conviviaux et dont chacun, chacune connaissait par cœur le refrain.

 

La Butte Rouge

 

Sur c'te butt'là y'avait pas d'gigolettes

Pas de marlous ni de beaux muscadins.

Ah ! C'était loin du Moulin d'la Galette,

Et de Panam' qu'est le roi des pat'lins.

C'qu'elle en a bu du beau sang cette terre,

Sang d'ouvriers et sang de paysans,

Car les bandits qui sont cause des guerres

N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents !

Refrain

La Butt' Rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin

Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin.

Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin.

Qui boira ce vin là, boira l'sang des copains.


 

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